"Pierre Curie avait observé que la seule entrée en jeu de l'énergie modifie ce régime si déterminé. Quand on chauffe certains cristaux, ils produisent de l'électricité. C'est la pyroélectricité. Mais le même résultat peut être obtenu en les soumettant à de fortes pressions. C'est alors le piézoélectricité. En comprimant ainsi que quartz, éminemment symétrique, Pierre Curie constata qu'il produisait de l'électricité au moment où il cessait d'être symétrique, le retour à sa disposition normale marquant réciproquement la fin du phénomène. Ceci est hautement significatif et vaut d'être médité. La production d'une énergie, en l'occurrence d'une force électrique, est ici solidaire d'une rupture de la symétrie du solide, qui n'est recouvrée que par son retour à l'inertie. Et Pierre Curie pouvait déduire que la dissymétrie est nécessaire pour que se produise un phénomène, nous dirons volontiers: pour qu'une force entre en action et pour que le temps soit mis en œuvre. //...//
Léonard De Vinci, par une de ses géniales intuitions, l'avait remarqué:
"Je trouve, notait-il, que la cadence du temps indivisible est le mouvement." (Codice Atlantico,117)
Le temps, le mouvement appartiennent à la continuité et pourtant ils peuvent être ordonnés, selon un autre principe, celui du rythme, car "si les parties divisées de la ligne peuvent offrir une certaine proportion entre elles, il en est de même pour les parties du temps" (manuscrit du British Museum, p. 190)
La différence est que celles-ci ne sauraient être isolées: Les moments successifs s'enchaînent, inséparables, dans une mouvement continu.
L'étymologie ne nous rappelle-t-elle pas que "moment" vient de "movimentum, mouvement"?
Il faut la vie pour que le temps l'emporte enfin:
la vie s'adapte à lui, ne tente plus de transaction entre la durée et la matière, mais entreprend d'organiser celle-ci en accord avec les règles de celle-là. La symétrie neutralisatrice du mouvement est cette fois-ci, récusée. A ce qui est se substitue ce qui peut être, et le possible, supposant le choix, le provoque par la dyssymétrie.
Dans la vie physique toutefois, la dyssymétrie est continuellement gênée par les obligations contraires que crée, par exemple, à l'organisme, au corps, sa présence dans l'espace. Mais la vie mentale n'est plus soumise à de telles précautions: elle réalise la durée pure se perpétuant dans une conscience. Et là, en effet, rien ne rappelle plus la symétrie, le rythme lui-même ne peut plus être observé. Le changement continu et la modulation d'intensité deviennent des lois absolues. //...//
L'artiste, branché en prise directe et sensible sur la réalité, sans que la raison ait à intervenir pour autre chose que la mise en ordre de l'œuvre, retrouve instinctivement les grandes étapes de la nature passant de l'autorité de l'espace sous celle du temps et modifiant ses formes en conséquence.
Formes et Forces - Rene Huyghe - pages 261-262
Peinture en cours - La danse de la vie - dd. octobre 2024
Il n'y a pas beaucoup de différence entre la danse et la peinture.
C'est mon corps entier qui devient le pinceau , qui décrit des formes et déformes dans l'espace qui m'entoure.
Chaque cellule de mon corps s'exprime dans une cadence de dyssymétrie.
Par la douce guidance bienveillante de Florine de Danse ANIMA à Liège, je danse par ma peau, je danse par mon squelette , je danse par ma matrice, je danse par les fluides de mon corps, je danse par ma gorge, je danse par la matière que j'incarne et je laisse mon âme s'exprimer par ce corps qui m'entoure. C'est très puissant.
Hier soir, j'ai dansé ma peur. Des frissons m'ont parcouru tout le corps.
La peur, elle est tapis au fond de moi.
C'est une honte à l'Univers car je sais pertinemment bien qu'il est avec moi, il EST moi. Je me dois d'avoir une confiance et foi totale.
Mais de quoi j'ai donc peur?
J'ai peur de l'humain malintentionné. Celui qui te fait mal alors que je suis là le cœur ouvert. Quand cela arrive, cela laisse des cicatrices profondes, on n'oublie pas la souffrance que cela a provoqué.
Et malgré tout, je réouvre entièrement mon cœur. C'est ainsi que je suis.
"Ma seule protection, c'est la non-protection" , phrase dite par une amie proche et que j'essaie d'intégrer. J'apprends encore sur ce chemin, la vie m'apprend sur ce chemin. J'ai "juste" à enlever cette purée de peur.
Avoir le cœur entièrement ouvert, c'est m'ouvrir à une sensibilité profonde. Et cela amène une beauté et émerveillement profonde en chaque chose. Mais pas de lumière sans ombre. Celui qui me fait peur.
La violence à l'outrance dans les séries et films qui nourrit la population comme des oies qui se font gaver. Et elle adore en plus! Alors, pourquoi on s'étonne encore de cette agressivité au sein de la société?
Je ne peux plus regarder ni tolérer, mon estomac se tourne et me donne envie de vomir.
J'ai peur. J'ai peur de ce que cela peut faire et fait.
J'ai peur de l'égoïsme, j'ai peur des gens qui ont peur et de ce qui sont capables de faire quand ils ont peur, j'ai peur de l'intolérance, j'ai peur de l'agressivité, j'ai peur du système, j'ai peur pour la nature, j'ai peur de la souffrance, j'ai même peur d'être "attaquée" par des gens que j'aime parce que je ne leur donne "pas assez" d'attention ...et bizarrement, la seule chose qui ne me fait absolument pas peur, c'est la mort. Est ce que j'aurai alors peur de la vie?
Quelque chose s'est ouverte en moi il y a quelques années, et je ne peux plus refermer. Ce quelque chose, c'est la porte vers mon âme. Je rentre à la maison et quand j'y suis, je suis bien. Je suis chez moi. J'oublie tout.
Je m'accroche à elle. Elle est mon guide. Mon seul guide qui s'exprime au travers de ma créativité et la connexion avec la nature. Plus besoin d'oracles, de voyances ou des personnes qui me disent quoi faire. Ce ne sont que des filtres extérieurs, même si leurs visions/interprétations peuvent élargir le mien en toute bienveillance. La seule chose que j'ai à faire, c'est entrer en moi.
Mon âme sait, que au delà de la peur fabriquée par mon égo et instinct de survie, qu'il y a la beauté en tout, carrément tout. Ombre et lumière coexistent.
Je veux traverser ma peur, je vais traverser ma peur, je la traverserai et je la transformerai en force afin d'accomplir ma mission d'âme. La force... la dyssymétrie , le mouvement...
Voici donc tout ce que la danse de hier soir m'a appris et a fait sortir.
Merci Florine.
Tendrement,
Evi
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